top of page
Rechercher

Orphée, de la mythologie au spectacle...

ree

Orphée… un nom qui fait rêver. Celui du poète qui a bravé les Enfers pour aller chercher sa bien-aimée Eurydice, a charmé Cerbère le chien à trois têtes gardien du Royaume des Morts, puis Hadès lui-même… Avant d’échouer en se retournant, avant d’être sorti des Enfers, pour regarder son épouse.

Mais le mythe d’Orphée est beaucoup plus vaste, et c’est en cela qu’il m’intéressait pour pouvoir donner un rôle à mes 32 jeunes comédiens.

 

Orphée est le protégé d’Apollon qui, remarquant son talent pour la musique, lui offre une lyre, dont Orphée va tirer le meilleur parti.

La mythologie nous apprend qu’Orphée rejoint les compagnons de Jason, les Argonautes, pour la quête de la Toison d’Or. À partir de là, plusieurs questions se posent pour justifier sa présence et son évolution de personnage.

Alors, un poète-musicien aurait été admis au milieu d’un groupe de guerriers ? Oui, c’est le chant d’Orphée qui permettra aux Argonautes d’échapper au chant des sirènes. Pourquoi a-t-il voulu les accompagner ? Nul ne le dit. Personnellement, j’ai donné à Orphée comme motivation pour ce périple le désir de l’artiste de se confronter à la vie, de connaître des aventures, afin de trouver l’inspiration.

Je vous passe les rebondissements de la quête de la Toison d’or et les scènes de l’Olympe où l’on voit les dieux débattre du sort des humains. Ces scènes de pure comédie, menées par des dieux passablement immatures, me permettent de raconter ce qu’on ne peut pas représenter sur scène, comme des dents de dragons qui deviennent des guerriers géants ou Médée qui, par amour pour Jason, découpe son frère en morceaux pour permettre sa fuite avec la Toison d’or !

 

La mythologie nous dit qu’ensuite, Orphée rencontre Eurydice et l’épouse. J’ai comblé le « trou » entre ces deux épisodes en imaginant que, de retour en Grèce, traumatisé par le massacre perpétré par Médée, Orphée erre, sans inspiration… La rencontre avec les nymphes de Déméter, et notamment Eurydice, dont il tombe amoureux, lui redonne goût à la vie, et à la création.

Dans la mythologie, il n’est pas précisé que ce sont les nymphes de Déméter, mais cela me permettait de faire le lien avec la suite de l’histoire, à savoir la descente d’Orphée aux Enfers. En effet, Déméter, déesse de l’agriculture, aime passionnément sa fille Perséphone. Hadès a eu le coup de foudre pour cette dernière et l’a enlevée. De désespoir, Déméter a abandonné les champs, et la Terre a sombré dans l’hiver. Pour éviter que l’humanité ne s’éteigne, Zeus a imposé que Perséphone passe la moitié de l’année avec sa mère et l’autre moitié avec Hadès. Quand Perséphone est sur Terre, Déméter est heureuse, c’est le printemps et l’été ; quand elle est aux Enfers, Déméter est triste, c’est l’automne et l’hiver. Dans ma version, Perséphone aime beaucoup sa mère, mais elle étouffe un peu avec elle ; elle aime Hadès et est heureuse de ce compromis.

Cet épisode sera raconté dans les scènes de l’Olympe, placées en alternance avec les épreuves pour la Toison d’Or.

 

Mais Eurydice est piquée par un serpent qui la tue et l’envoie aux Enfers. D’où vient ce serpent ? J’ai imaginé que c’était Hadès qui l’envoyait, dans l’espoir que la présence d’une amie donnerait à Perséphone l’envie de passer l’intégralité de l’année aux Enfers.

 

Désespéré par la mort d’Eurydice, Orphée décide d’aller la chercher au Royaume des morts. Charmé par sa musique, Cerbère, le chien à trois têtes, le laisse passer. Hadès, charmé à son tour, accepte de laisser partir Eurydice, mais à une condition : qu’Orphée ne se retourne pas pour la regarder avant d’avoir atteint la lumière du soleil.

Pourquoi se retourne-t-il ? Dans la mythologie, il n’y a pas de raison au fait qu’Orphée se retourne, il y a en revanche plein d’interprétations. J’y ai vu une nouvelle possibilité de lier l’histoire d’Orphée avec celle d’Hadès-Perséphone. J’ai donc imaginé que le retour d’Orphée et Eurydice sur Terre correspondait au moment où Perséphone doit retrouver sa mère. Furieux, Hadès déchaîne les volcans, Eurydice crie de terreur et… Orphée se retourne ! Eurydice meurt à nouveau et disparait vers les Enfers.

Raconté de cette façon, l’épisode peut paraître téléphoné, mais bien amené dans la chronologie de la pièce, cela devrait sembler tout à fait logique.

 

De retour sur Terre, Orphée est désespéré, il ne peut plus chanter pour les nymphes. Celles-ci, qui étaient déjà toutes un peu amoureuses de lui, sont furieuses d’être repoussées. Pour se venger, elles décident de le tuer et de disperser ses membres afin qu’il ne puisse jamais retourner aux Enfers voir Eurydice. Là, j’ai fait un amalgame entre les nymphes de Déméter et les Ménades qui, dans la mythologie, tuent Orphée. Cet amalgame me permet de garder une continuité des personnages, et donc des comédiens.

Je voulais une fin heureuse pour mes jeunes élèves. J’ai donc imaginé que Perséphone, après l’aveu des nymphes de leur forfait, retrouve les morceaux du corps d’Orphée et les rassemble dans un tombeau afin qu’il puisse aller aux Enfers rejoindre sa bien-aimée.

 

Je termine avec une fête sur l’Olympe où les dieux racontent que les Enfers sont devenus bien plus joyeux depuis qu’Orphée y est et que les fêtes d’Hadès rivalisent bien avec celles de Zeus et Apollon. En hommage à son meilleur élève, Apollon lance la lyre d’Orphée dans le ciel, ce sera la Constellation de la Lyre…

 

Bien sûr, dans mon travail, il est important de respecter un certain équilibre et de fournir un rôle ou plusieurs, de manière à peu près équilibrée. Ici, il est beaucoup question d’Orphée, mais pour équilibrer un peu, je fais en sorte que des scènes se jouent sans lui, ou en parlant de lui. Je devrai quand même séparer le rôle pour 2 ou 3 acteurs, mais globalement, il y aura plein de personnages fascinants bien mis en valeur.

 

Je m’en suis tenue ici au récit des péripéties, mais en sous-texte, on trouvera les thèmes de la création artistique/l’inspiration, l’amour (l’amour-passion, l’amour-possessif, l’amour jusqu’au meurtre…), le courage… Comme toujours avec la mythologie, au-delà de la petite histoire, c’est une source inépuisable de réflexion sur l’humain, c’est ce qui la rend toujours aussi vivante et passionnante.

 
 
 

Commentaires


bottom of page