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L'Histoire dans "La Gloire pour tout le monde"

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LES FEMMES DANS LES CAMPAGNES

Par mon père, je suis issue d’une famille de paysans et j’avais entendu parler de l’implication de mes ancêtres féminines pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale dans les travaux des champs. En me plongeant dans les archives, j’ai mesuré l’ampleur de la charge qui leur avait brusquement incombé.

À partir d’août 1914, les campagnes se vident de leurs hommes mobilisés. Les femmes doivent assumer seules les travaux agricoles : labourer, semer, soigner les bêtes. Elles apprennent à manier les machines et maintiennent la production malgré la pénurie de chevaux et la fatigue. Trois millions de femmes travaillent alors dans les champs, soutenues parfois par leurs enfants ou des prisonniers. Malgré leurs efforts, la récolte de blé chute de 40 %. Peu reconnues après l’armistice, elles ont pourtant évité l’effondrement de l’agriculture française.



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LES USINES DE MUNITIONS

De par sa taille et son organisation, l’usine du quai de Javel reste l’exemple type d’une usine de munition. Pourtant, elle n’a pas été la seule. L’usine Pellegrin de La Gloire pour tout le monde est inspirée de toutes les petites usines qui, par élan patriotique autant que par nécessité, ont transformé leur production initiale en production de munitions ou d’obus. Toutes ont tenté, en fonction de leurs moyens, d’imiter les innovations du quai de Javel.

Fondée en 1915, l’usine Citroën produit jusqu’à 40 000 obus par jour grâce à 11 000 ouvrières, les « munitionnettes ». Le travail est dangereux : intoxications, explosions, maladies dues au TNT. Leurs mains jaunies leur valent le surnom de « filles aux mains jaunes ». Citroën instaure cantines, infirmeries et crèches, une avancée sociale inédite. Après la guerre, l’usine devient le berceau des automobiles Citroën.

Le témoignage de Marcelle Capy m’a été particulièrement précieux pour l’écriture de La Gloire pour tout le monde. Journaliste engagée, Marcelle Capy s’infiltre en 1917 dans une usine d’armement et décrit la vie harassante des ouvrières dans Une voix de femme dans la mêlée (1916). Elle y dénonce l’exploitation des femmes, l’injustice salariale et l’absurdité d’un monde où celles qui donnent la vie fabriquent la mort. Pacifiste et féministe, elle devient une voix majeure de la conscience féminine pendant la guerre.



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LES HÔPITAUX DU FRONT ET LA CROIX-ROUGE

Face à l’afflux de blessés, des hôpitaux de fortune s’installent partout : écoles, châteaux, wagons. La Croix-Rougeorganise secours et transports sanitaires. Des millions de blessés sont soignés grâce aux infirmières, souvent volontaires, surnommées les « anges blancs ». Ces années voient naître la chirurgie moderne et l’accès des femmes aux métiers médicaux.

L’exemple du lycée Raymond-Poincaré de Reims, transformé en hôpital dès 1914, a largement inspiré l’hôpital où œuvrent les infirmières de La Gloire pour tout le monde.


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J’ai une profonde admiration pour Marie Curie, la scientifique de génie, autant que la femme engagée. Ça a été une joie de pouvoir inclure cette figure de femme inspirante au cœur de La Gloire pour tout le monde. Marie Curie crée dès 1914 des unités radiologiques mobiles. Ses « Petites Curies », véritables laboratoires ambulants, permettent de localiser balles et éclats d’obus. En quatre ans, près de 200 véhicules sillonnent le front et sauvent plus d’un million de vies. Marie Curie forme 150 femmes à cette nouvelle discipline, ouvrant la voie à la médecine de guerre moderne.



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LES ESPIONNES

On pense rarement à elles en premier quand on évoque les femmes pendant la Première Guerre mondiale, et pourtant, elles ont toujours été là, silencieuses et efficaces, dans l’ombre de toutes les femmes engagées que nous avons évoquées précédemment. Il était essentiel pour moi qu’elles apparaissent comme un fil rouge au cours du spectacle.

Espionnes ou agentes de liaison, elles transmettent des renseignements cruciaux. Parmi elles : Mata Hari, figure ambiguë ; Gabrielle Petit, exécutée en 1916 ; et Louise de Bettignies, cheffe d’un réseau dans le Nord. Par leur audace, ces femmes prouvent que le courage ne se limite pas aux tranchées.



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LES MARRAINES DE GUERRE

Né en 1915, le mouvement des marraines de guerre crée un lien épistolaire entre soldats et femmes de l’arrière. Des millions de lettres s’échangent, apportant réconfort, nouvelles et parfois amour. Ces correspondances, encouragées par la presse, deviennent un symbole d’humanité et de solidarité au cœur du chaos. Elles sont pourtant décriées par certains tenants de la morale qui y voient un glissement vers le « flirt épistolaire », sans parler de certains soldats qui collectionnent les marraines de guerre pour faire trafic du contenu de leurs colis!

Dans La Gloire pour tout le monde, elles sont évoquées à travers les discussions des ministres qui hésitent entre les encourager ou les interdire.



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LES MAISONS CLOSES DU FRONT

C’est en tombant sur l’évocation des débats parlementaires sur l’hygiène sur le front et les demandes d’enquêtes autour de la prostitution que j’ai découvert l’ampleur du phénomène. Car derrière les tranchées, à l’écart des champs de bataille, se cache un autre pan méconnu de la Grande Guerre : celui des « maisons tolérées » et des « bordels militaires de campagne », créés pour encadrer et canaliser la sexualité des soldats. En effet, pour prévenir les maladies vénériennes, l’armée française met en place les BMC (bordels militaires de campagne) à partir de 1915. Ces établissements, surveillés médicalement, accueillent des femmes souvent précaires ou étrangères. Longtemps occultée, cette réalité illustre la contradiction entre morale et pragmatisme d’une guerre totale.

 

 
 
 

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