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L’Adaptation... du roman au théâtre, et du théâtre au roman

Dernière mise à jour : 7 déc. 2021


Passer d’une forme à une autre est une véritable gymnastique cérébrale !

Pour mon adaptation du « Petit Prince » de Saint-Exupéry vers le théâtre, le maître mot de mon travail a été le respect de l’œuvre d’origine. Déjà parce que j’adore ce texte, ensuite parce que je savais que mon travail devait être validé par les Éditions Gallimard avant de pouvoir être mis en scène.

Si un roman est une œuvre en soi, un texte de théâtre est un peu comme une partition à l’usage des comédiens et du metteur en scène. Il fallait donc envisager de faire passer bien des aspects du texte par le visuel. D’autre part, le théâtre exige essentiellement la forme dialoguée. Nombre de passages narratifs ont été coupés, comme les explications sur l’astéroïde B 612, d’autres sont devenus dialogués. Ceux que je souhaitais garder sont restés à la charge du personnage de l’aviateur, qui est déjà le narrateur du livre.

Pour garder une durée raisonnable au spectacle, j’ai supprimé à regret quelques épisodes, comme la découverte du jardin des roses sur Terre qui n’est que brièvement évoquée, la rencontre avec l’aiguilleur ou le marchand de pilules, ou la découverte du puits…

Après une première version un peu écrasante pour le personnage Petit Prince, j’ai retravaillé les dialogues afin qu’ils soient plus équilibrés. Le Petit Prince étant interprété par un enfant, il fallait que la quantité de texte soit gérable pour lui. J’ai eu peur de l’assommer avec un apprentissage rébarbatif et de le dégoûter. D’autant qu’il devait tenir la durée de la pièce sans pouvoir sortir de scène pour se reposer quelques minutes. Je sais aujourd’hui qu’il en était tout à fait capable. Mais en définitive, ces modifications ont été très bénéfiques pour le spectacle. En effet, j’ai réattribué certaines narrations du Petit Prince à l’Aviateur, mêlant parfois leurs voix et accentuant de ce fait l’idée qui sous-tendait ma mise en scène, celle de laisser entendre que le Petit Prince représente l’enfance de l’Aviateur. Idée renforcée la ressemblance entre mes interprètes puisqu’ils sont père et fils !

Après ce travail sur le texte d’origine, j’en suis venue aux choix de mise en scène, qui dictent ce que l’on cherche à dire à travers l’esthétique que l’on met en œuvre. Mais c’est un autre sujet… Pour en savoir plus, vous pouvez visionner la Bande-annonce, les photos, et consulter le dossier de presse du spectacle


J’ai également fait l’adaptation théâtrale d’un autre roman, Le Horla de Maupassant. Il fallait d'abord choisir entre la 1è version, sous forme de nouvelle, et la 2de version sous forme de journal. J'ai choisi de mélanger les deux et de créer une forme hybride. M'inspirant de la version nouvelle, j'ai placé en introduction et en conclusion le spectateur en position de juge de ce cas d'aliénation, à la demande du psychiatre qui s'exprimait en voix off. Le reste du texte était repris de la version journal. J'ai opéré quelques coupes, mais très peu, à vrai dire, j'ai supprimé l'épisode du Mont St Michel, qui n'est qu'évoqué. Les autres sont des petites coupes par-ci, par-là... Photos et dossier de presse ici





Et du théâtre vers le roman ?

Je pense que la démarche est plus rare… mais pas pour moi, lol !

Pour premier essai était l’adaptation de ma pièce Radium girls. Ma mise en scène m’avait donné une énorme satisfaction. Malgré la complexité du sujet, le texte fonctionnait, magnifiquement servi par une troupe d’acteurs formidables. Pour autant, j’avais quelques regrets sur nombre d’épisodes et de rebondissements que je n’avais pu évoquer, faute de temps (la pièce durait déjà 1h45). La forme romanesque me permettait de développer davantage mon sujet.

Je me suis dit : ça va être simple, je reprends la pièce et j’ajoute ce que je n’y ai pas mis. Eh bien pas du tout ! La pièce était structurée en flash backs : l’avocat de la seconde affaire enquêtait sur la première affaire, et lorsqu’il en évoquait les rebondissements avec ses secrétaires, les scènes prenaient vie devant eux. Puis on enchainait sur son combat pour la seconde affaire. Mis en roman, cette structure, très fluide sur scène, devenait extrêmement compliquée, d’autant que j’ajoutais nombre de personnages. Ça ne fonctionnait pas. J’ai donc tout réécrit de façon linéaire, en étoffant les ambiances et le contexte… et je suis parvenue à deux tomes ! Il s’en passe des choses autour du radium au XXe siècle… !


Pour « Ticket gagnant », la démarche a été un peu différente. Parce que oui, « Ticket gagnant » a d’abord été une pièce de théâtre ! Écrite il y a près de vingt ans, elle avait été représentée avec succès dans la francophonie, et puis je ne m’en étais plus occupée. Je savais qu’elle était jouée de temps en temps… et de moins en moins… Lorsque j’ai décidé de remettre mon nez dedans, j’ai eu un énorme choc. Ça a commencé avec la didascalie : « Antoine s’éloigne et ouvre son PDA. » Son PDA ? Qu’est-ce qu’un PDA ? J’avais même oublié l’existence de ces premiers agendas électroniques !

Au fur et à mesure de ma lecture, j’ai été horrifiée de voir combien cette pièce avait vieilli. En vingt ans, l’arrivée du smartphone a totalement révolutionné les rapports humains ! Beaucoup de choses, à mon sens, ne fonctionnaient plus dans ce texte. Je l'ai donc retiré de mon répertoire. Pour autant, l’intrigue de fond et les personnages me plaisaient bien. C’est pourquoi j’ai eu envie de la reprendre, sous forme romanesque cette fois-ci, en l’adaptant aux années 2020.

Mon travail a donc d’abord consisté à - en quelque sorte - adapter l’intrigue aux nouvelles technologies ! J’étais désormais affranchie des contraintes de la scène en termes d’espace et de nombre de comédiens, qui m’obligeaient à raconter certains épisodes au lieu de les montrer. J’ai donc pu développer les maladresses de Laura, les rencontres avec les Mexicains… et mon histoire s’est, de fait, bien étoffée.

Les personnages du groupe sont restés les mêmes (avec quelques changements de noms), j’ai simplement ajouté Marguerite, qui me permet d’avoir un rapport à la fois malicieux et affectueux avec mes deux héros.

C’est stylistiquement que la transformation a été la plus flagrante. J’avais des scènes croisées de Laura et Antoine au téléphone, en conversation respectivement avec Audrey et Marc. Les répliques s’entrecroisaient, l’un terminant la phrase de l’autre, une partition extrêmement difficile à jouer pour les comédiens, mais très efficace sur scène. Pour le roman, j’ai opté pour un récit fluide, plus naturel, sans effets de style visibles, qui collait mieux avec l’atmosphère générale du récit. Et surtout, j’ai choisi d’employer la première personne du singulier en alternant les points de vue de Laura et d’Antoine.


N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

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